Penser et agir pour la transition : l’enseignement de l’ESPCI Paris-PSL en pleine évolution

Depuis sa création, l’ESPCI Paris - PSL n’a eu de cesse de s’impliquer dans la société et d’apporter des solutions concrètes aux problèmes scientifiques du moment. Aujourd’hui, plus que jamais, l’ESPCI mobilise ses forces et compétences au service de l’environnement. S’engager dans les transitions écologiques est un des axes stratégiques majeurs de l’école, qui se traduit au quotidien dans ses missions et sa vie de campus. Explications par son directeur général, Vincent Croquette, son directeur des études, Nicolas Lequeux et son secrétaire général, Régis Rosmade.

Que fait l’ESPCI en matière de transitions écologiques ?

Cette année, la communauté PCéenne a eu
la chance d'accueillir Steven Chu pour une conférence
sur l'énergie et la transition environnementale Vincent Croquette : L’ESPCI est une grande école d’ingénieurs et un centre international de recherche. À ce titre, nous nous devons de travailler sur tous les fronts : la formation de nos ingénieurs, la recherche, l’innovation sans oublier nos modes de fonctionnement et la vie de nos campus. Pour ce faire, l’ESPCI sait pouvoir tirer parti de son positionnement interdisciplinaire, de ses capacités d’innovation et plus encore de l’engagement de tous : ses chercheurs, ses étudiants et ses personnels. 
Le Conseil scientifique international de l’école est très attentif à la prise en compte de la transition écologique dans la future école. Nous pouvons nous appuyer sur la vision de Steven Chu pour faire évoluer PC sur ces thématiques. 
De plus, depuis 2020, une de nos chercheuses, Annie Colin, a accepté de prendre en charge la mission Développement Durable, de structurer et coordonner les actions de l’école dans ce domaine. Les premières actions autour de ces thématiques prennent actuellement forme.

Concrètement, sur quels axes travaillez-vous ?

Nicolas Lequeux : Le premier axe est l’enseignement. Le programme pédagogique du cycle ingénieur de l’ESPCI a été fortement modifié pour la rentrée 2022. Cela répond à une demande très forte de nos étudiants, avec qui nous avons beaucoup discuté, en particulier Corinne Soulié, notre directrice de la scolarité. Vous le savez, l’ESPCI propose des cours scientifiques de grande qualité qui s’accompagnent d’un nombre d’heures équivalentes de travaux pratiques. Cette formation interdisciplinaire par la pratique et la recherche est un atout majeur pour former des ingénieurs aux enjeux des transitions écologiques. La physique statistique et la thermodynamique, les mathématiques, la physique du solide, la physique des ondes, la chimie analytique, la chimie de synthèse et la catalyse, l’électrochimie pour ne citer qu’eux sont un socle de base, des compétences fondamentales à acquérir pour apporter une réponse aux défis écologiques. Mais nous souhaitons aussi faire comprendre à nos étudiants que les solutions ne sont pas seulement technologiques. Pour cela, nous voulons leur donner une nouvelle vision de la recherche et de l’entrepreneuriat, ancrée dans des principes philosophiques spécifiques et nécessitant de nouvelles compétences, de nouveaux outils et de nouvelles valeurs.
Cette éthique représente à la fois un outil pour la réflexion et un guide pour l’action. Pour les scientifiques, ingénieurs ou chercheurs, elle doit permettre une meilleure compréhension des enjeux sociologiques associés à la technique et notamment de leur rôle, en tant que citoyen et acteur et la portée politique de toute innovation technologique.
Pour cela, nous ouvrons un parcours structurant autour de la thématique des enjeux des transitions écologiques (jusqu’à 340h sur l’ensemble du cursus, dont 185h obligatoires – voir encadré). Cette formation s’appuie sur l’ADN de l’école : la formation par la recherche et par les travaux pratiques.
Notre ambition est de former des ingénieurs de recherche et des scientifiques hors norme, conscients de leurs responsabilités individuelle, sociale et environnementale. Je suis sûr que cette refonte du programme nous y aidera.

Et côté recherche et innovation, quels sont les grands axes ?

Vincent Croquette : Les équipes de recherche de l’ESPCI se mobilisent aussi pour travailler sur les questions des enjeux environnementaux. En juin dernier, ce sont plus de 20 thématiques de recherche différentes qui ont été abordées lors des EE days 2022. Du ciment à la transmission des ondes à bas coût énergétique en passant par la catalyse enzymatique, la chimie en flux, l’énergie bleue…, l’ESPCI développe des recherches de rupture sur ces thèmes. Elle a participé et participe toujours avec succès à de nombreuses demandes de financement sur la transition énergétique. Ces sujets sont soutenus financièrement notamment par le DIM MateRre, par le Carnot Microfluidique et le Labex IPGG.

Quid de la vie de campus ?

Régis Rosmade : Beaucoup de choses ont été lancées. Un comité Agenda 21 a été créé et son existence est inscrite dans le règlement intérieur de l’École. Son travail consiste à faire un état des lieux global, tant au niveau de la recherche, de l’enseignement que de la gestion des bâtiments et des ressources, avant de faire des propositions d’améliorations. Notamment, un de ses objectifs est d’obtenir la certification DDRS. Cette labellisation permettra de bâtir une feuille de route claire sur des actions portant sur la gouvernance, la formation, la recherche, l’environnement et la responsabilité sociétale de l’école.
Ensuite, notre bilan carbone est en cours de finalisation. Cette initiative est pilotée par un groupe d’étudiants de l’école qui font le lien entre les personnels, les laboratoires et l’entreprise consultante en charge du dossier. Les résultats sont attendus pour octobre 2022. À la suite de quoi, avec la communauté PCéenne, nous co-construirons un plan de transition, que j’espère ambitieux et efficace, puis la Trajectoire Carbone de l’ESPCI. De façon générale, il faut embarquer tous les personnels de l’école sur ces chantiers. Les membres de l’ESPCI sont déjà très mobilisés pour contribuer à l’objectif prôné par le GIEC de limiter le réchauffement planétaire. Des conférences de prestige ouvertes à tous ont été organisées (Steven Chu en avril). Des ateliers de sensibilisation sont en place pour les personnels administratifs et seront renforcés.

Quels sont justement les projets déjà faits ou en cours ?

Vincent Croquette : Ils sont déjà nombreux ! L’ESPCI a participé au Cycle de conférences Anthropocène de PSL en 2021. Nos élèves organisent régulièrement des Marches propres dans les rues de Paris, ils agissent au travers des associations PC Durable, PC Réveil et PSL Durable. La transition écologique est un axe majeur de PCA, la junior entreprise de l’école. La communauté PCéene anime les Conférences vertes.
C’est sans parler du nombre important de nos alumni qui travaillent dans les domaines de la transition énergétique (climatologues, activité autour de l’électricité, de l’hydrogène, de la chimie verte). L’appui des alumni et les discussions entre générations sont importantes pour guider l’école dans la bonne direction.
Enfin, n’oublions pas les travaux de rénovation de notre campus et le nouveau bâtiment qui prend forme de jour en jour et sera un des piliers des grandes transitions de l’école : il sera plus adapté au monde que nous préparons pour demain (respect du plan climat de la Ville de Paris, de la RT 2012, accessibilité PMR…).
L’ESPCI Paris – PSL se doit d’avoir un impact déterminant sur la société grâce à sa recherche et son enseignement transdisciplinaire basé sur l’expérimentation. Elle se doit de contribuer, chaque jour, à un monde plus responsable, durable et inclusif.